“Nous sommes au milieu d’une transformation brutale mais nécessaire”.
Sans le savoir le dirigeant qui diagnostiquait ainsi en mai 2017 la situation de son organisation résume beaucoup des situations que nous observons actuellement, mes associés et moi. Les clients qui me font confiance sont plutôt des équipes de direction de grandes sociétés. Groupes ou filiales ces organisations sont bien pourvues en projets de changement voire de transformation. Pourtant ce dont parlent les dirigeants quand ils décrivent ce qu’ils vivent ne semble pas entrer dans le périmètre des projets de “transformation” traditionnels. De quoi parlent-ils ces dirigeants ? D’un monde qui change sans qu’on sache très bien où il va, d’une organisation qui doit profondément se réinventer tout en conservant l’essence de son succès. D’une somme de travail tellement colossale qu’elle en devient vertigineuse à contempler.
De quoi parle-t-on dans ce cas là ? (le définitions sont du Littré) D’un changement (quitter une chose pour une autre), d’une transformation (changement de forme). Comme l’explique très clairement Ron Askhenas dans son article We still don’t know the difference between change management and transformation nous appréhendons souvent une transformation (imprévisible) comme un changement (prédictible). Or ce simple changement, apparemment sémantique, génère beaucoup de problèmes pratiques car imprévisibilité réveille l’angoisse. Elle fait porter aux projets de transformation une charge émotionnelle qui ne se dissipera pas uniquement avec quelques propos rassurant. Cette charge n’est pas toujours facile à gérer ce qui conduit dans la pratique à ce que nombre de projets de transformations soit gérée comme des projets de changement. C’est normal, ce n’est pas facile à attraper.
“Que voulons nous être? “, “non ce service nous ne pouvons pas le développer, c’est pas nous”, “nous ne devons pas perdre notre ADN”. Sous une forme ou sous une autre ces dirigeants parlent d’être, de l’identité de leur organisation, de ce qui fait que les milliers de gens qui travaillent ici sont motivés au delà du salaire qu’ils reçoivent. Or l’ambition d’une transformation réussi consiste à changer la manière de faire pas de s’interroger sur l’être. Le sujet parait trop vaporeux. Pourtant quand tous les repères tombent, l’identité constitue l’ultime repère.
L’excellent futurologue, trop méconnu,
Jean Staune, pense que l’ensemble les bouleversements qui secouent notre monde et nos organisations viennent d’un changement conceptuel opéré au tournant du XXe siècle par les sciences de la complexité (théorie du chaos, mécanique quantique…). En modélisant l’imprévisible ces sciences ouvrent notre champs de conscience. Leurs concepts se révèlent très adaptés pour expliquer notre monde actuel car ils sont non-linéaire, modélisent l’imprévisible.
Alors votre organisation vit-elle un changement ? une mutation ? une transformation ?