Tabou n°5 : Se transformer demande du courage

Comme toute culture celle de la trans­for­ma­tion « fait silence » sur cer­tains tabous « par crainte ou par pudeur ». Dans cette série nous nous pro­po­sons d’en décou­vrir sept pré­sents dans beau­coup de pro­jets. Pour­quoi ? Parce que « rompre le silence » per­met d’aborder les pro­jets d’une manière plus effi­cace. Tout simplement.

La mani­fes­ta­tion

Il existe une conver­sa­tion type dans les inter­stices des pro­jets de trans­fo qui consiste à déplo­rer le com­por­te­ment d’une popu­la­tion « Nos patrons de BU pour­rait don­ner l’exemple » ou d’une per­sonne  « pour­quoi le lea­der ne dit-il pas clai­re­ment les choses ? ». Les inter­ro­ga­tions vont alors bon train, déplo­rant que tel com­por­te­ment d’un lea­der freine le pro­jet ou que tel manque d’exemplarité le dis­cré­dite. Explo­rer ces décep­tions conduit qua­si sys­té­ma­ti­que­ment à inter­pré­ter ce com­por­te­ment comme venant d’une peur. Peur de cho­quer, peur de se trom­per, peur d’aller trop vite, peur que ce nou­veau che­min ne soit pas le bon, peur de perdre de son pres­tige, de son auto­ri­té voire même son job.

La conver­sa­tion type se pour­suit alors pour déplo­rer cette peur, par­fois la blâ­mant tout haut, plus sou­vent conser­vant cette appré­cia­tion in pet­to. Ce n’est pas très élé­gant de se moquer de la peur des autres. Ni très effi­cace d’ailleurs car les admo­nes­ta­tions à ne pas avoir peur marchent rarement.

Rare­ment est loué le cou­rage que cela demande à un diri­geant de bri­ser le sta­tu quo, le cou­rage que cela demande à un res­pon­sable de tes­ter les nou­veaux pro­duits au risque de man­quer ses objec­tifs, le cou­rage qu’il faut à un simple col­la­bo­ra­teur pour sou­li­gner publi­que­ment une contra­dic­tion. Pour­tant qui dit peur dit cou­rage, c’est l’autre face de la même pièce.

Plus direc­te­ment, affron­ter le fac­teur émo­tion­nel (tabou n°3) ou chan­ger réel­le­ment ses habi­tudes de col­la­bo­ra­tion (tabou n°4) cela demande du cou­rage, le cou­rage per­son­nel de se conte­nir, de se remettre en ques­tion. Or toutes ces actions seront néces­saires au cours d’une trans­for­ma­tion et toutes demandent du courage.

Le tabou

Mener une trans­for­ma­tion demande du cou­rage et pas uni­que­ment celui de se remettre en cause.

Un exemple

Durant les années 2017 2018, la fran­chise fran­çaise d’un grand part­ner­ship mon­dial de ser­vices pro­fes­sion­nels déci­da d’adapter sa stra­té­gie aux chan­ge­ments pro­fonds de son envi­ron­ne­ment. Une orga­ni­sa­tion en part­ner­ship, très plate, demande de bâtir un fort consen­sus. Choi­sir une stra­té­gie c’est choi­sir des prio­ri­tés. Dans un part­ner­ship cela signi­fie lais­ser des acti­vi­tés de côté et donc deman­der à cer­tains part­ners des sacri­fices voire des chan­ge­ments d’activité. Entrer dans la dis­cus­sion demande du cou­rage à celui qui l’anime, le cou­rage d’affronter les résis­tances et les récri­mi­na­tions. Et sor­tir de la dis­cus­sion en deman­de­ra au patron de BU concer­nés qui aban­don­ne­ront leur inté­rêt indi­vi­duel court terme pour le bien col­lec­tif de long terme.

Les béné­fices de regar­der le tabou en face

Il existe beau­coup de rai­sons conscientes et incons­cientes pour les­quelles nous gar­dons silence sur les émo­tions en géné­ral et la peur en par­ti­cu­lier. Les explo­rer nous per­drait sans néces­sai­re­ment nous aider à en sor­tir. Ce n’est pas l’objectif. Quel béné­fice pou­vons-nous tirer à regar­der ce tabou en face ? Com­ment deve­nir anti­fra­gile sur ce point ?

Le béné­fice est un béné­fice de pos­ture. Si nous consi­dé­rons que les gens ont peur, nous allons prendre natu­rel­le­ment une posi­tion de don­neur de leçon. Alors que si nous consi­dé­rons le fait que cela demande du cou­rage, alors nous pren­drons plus faci­le­ment la pos­ture d’en­traî­neur. Ce qui change tout car cela débloque beau­coup de situa­tions. Sou­vent le simple fait de dire cela “cela demande du cou­rage” cela suf­fit à aider la per­sonne en face de vous a en avoir du cou­rage. Alors que “dépasse ta peur”, fran­che­ment, ça marche moins bien.

Pour aller plus loin

Pour pour­suivre la des­crip­tion du cas ini­tiés j’ai écrit un article explo­rant le cou­rage que cela demande d’animer des dis­cus­sions d’alignement que vous pou­vez trou­ver ici : : http://emmanuelmas.com/2019/06/20/le-courage-de-lalignement/

Pour apprendre à uti­li­ser les obs­tacles au pro­fit du pro­jet et rendre la trans­for­ma­tion anti­fra­gile vous pou­vez par­ti­ci­per au pro­chain ate­lier « la trans­for­ma­tion anti­fra­gile » : dates et ins­crip­tions ici : http://www.latransfodanslapeau.com/formation/

 

Cré­dit pho­to : départ du Red Bull Ram­page 2019 — https://www.pinterest.fr/pin/710020697483244677/