L’époque de la Renaissance et les triomphes de l’amour: Les Espoirs du management 2014
Mardi 10 juin se tenaient à la mutualité la 8e édition des Espoirs du Management, trophée à l’allure de césars du management qui récompensent des initiatives réelles et concrètes d’entreprises de toute taille redonnant espoir dans le management. Un jury sélectionne et présente 3 nominés parmi lesquels les 500 dirigeants présents dans la salle élisent le lauréat.
Une certaine ambiance était palpable sur la scène comme dans la salle. Un mélange de joie transmise, d’exigence d’authenticité, de recherche du résultat tangible. Pourtant « les trophées fleurissent ces temps-ci » commentait l’iconoclaste David Abiker en introduction, alors qu’est-ce que celui-là apporte de plus que les autres ? D’où provient cette ambiance que l’on pouvait déjà ressentir l’an dernier ? De l’espoir tout simplement.
Espoir en l’avenir tout d’abord lorsque le président du jury, Henri de Castries, présente notre monde économique actuel pleins de bouleversement, de changement et de nouveautés comme une reproduction de la Renaissance du XVème siècle : une période qui a posteriori paraît bouillonnante de création, vivifiante de nouveautés mais qui fut difficile à vivre pour les personnes de l’époque tant les changements de repères ajoutaient l’incertain à la nouveauté, la peur de la perte à l’espoir d’un futur meilleur.
Espoir dans le management ensuite car les 3 nominés comme le prix spécial du jury, chacun dans leur style montrent qu’il est possible de concilier performance économique et épanouissement des collaborateurs, voire qu’en, pariant sur les collaborateurs les résultats suivent :
— Buronomic, société industrielle de 170 personnes, en difficulté, sous LBO et qui pourtant, en faisant confiance à ses salariés a pu « retourner » la situation et retrouver la profitabilité en rendant à ses salariés le sourire et la responsabilité des produits comme des valeurs : auriez-vous pensé à nommer un responsable de la sincérité ?
— Elior, groupe très récemment coté en bourse de 105 000 salariés dont une des branches simplifie la vie de ses salariés en les dotant d’un GPS pour leur carrière, qui tout à la fois rend les managers de terrain autonome des services centraux et surtout permet aux collaborateurs de piloter eux-mêmes leur développement professionnel ; bien sûr, par la même occasion, l’entreprise de fidélise cette volage population.
— Teletech, centre d’appel de 550 personnes qui appuie une relation client de qualité sur une relation de qualité avec ses salariés : après le passage de 5 laboratoires de recherche en sciences sociales leurs locaux ressemblent à ceux de Facebook et les résultats sont excellents, après 4 mois de formation les salariés ont un sourire qu’on entend au téléphone et fait rare dans la profession le turnover reste sous les 1%.
— Enfin, Extramuros, reçu le prix spécial du Jury, hors compétition, récompensant le management créatif et rentable de cette société d’insertion qui crée des objets design à partir de déchet recyclé, qui pour reprendre les jolis termes entendus dans la salle « donne une seconde vie aux objets comme aux personnes ».
Espoirs dans les dirigeants également car le vainqueur, Buronomic, est dirigé par un ancien du « private euity » qui explique, en réponse à la question « qu’est-ce qui fait que les gens vous ont suivis »: « il suffit d’une chose simple, bête à dire, c’est l’amour. Si on aime vraiment les gens et qu’on leur fait confiance… ». En cela, cette édition 2014 des Espoirs du management peut se voir comme les triomphes de l’amour. Même si cela reste un amour rentable ce n’est ni l’image habituellement véhiculé par un dirigeant venant du “private equity” gérant une société sous LBO en retournement.
Espoirs dans la salle enfin car si, comme le disait un autre spectateur-votant, « les gens veulent voir sur scène ce qu’il aimerait voir dans leur propre vie », alors c’est que l’envie de changer est là, bien présente, tout du moins parmi les 500 dirigeants jurés d’un soir. Si eux qui ont en charge la conduite réelle de réelles organisations ont fait triompher l’amour ce soir-là c’est que dans la vraie vie, en France en 2014, tous les espoirs restent permis.
Emmanuel Mas
Pour lire la chronique de l’an dernier sur l’édition 2013.
Le site de l’évenement.