Comme une vocation…
Pascal Baumgarten, COO of Europ Assistance (financial services)
Comme une vocation, j’ai toujours voulu être consultant.
Étudiant je m’imaginais « Médecin des entreprises et des fabriques ». Jeune consultant en stratégie chez Mars&co l’exigence et la rigueur du métier convenaient parfaitement au jeune ingénieur que j’étais.
Nous passions de longues nuits à produire des analyses impeccables que nous peinions pourtant à restituer de manière utilisable pour les clients. Nos diagnostics, pour rester brillants, s’affranchissaient volontairement du « facteur humain ». Nous guérissions peu.
Lorsque j’ai co-fondé une start-up puis pris des responsabilités opérationnelles dans un cabinet de conseil en déconfiture, j’ai appris la difficulté des responsabilités. La mise en œuvre soulevait des problèmes insoupçonnés. Le réel « résistait » à 180 slides pourtant excellentes. La Start-up fut avantageusement revendue, le cabinet retourné. Nous avions « guéris » ces organisations grâce à beaucoup de courage et à un travail d’équipe de qualité. Le « facteur humain » nous avait sauvés. Mais que d’énergie dépensée à l’éviter!
En 2004 je lançais mon propre cabinet de conseil. Mes clients me confiaient de gros projets, j’embauchais. Nous consultions largement les organisations et nous produisions d’excellents diagnostics. Malheureusement notre premier projet peinait à atteindre ses objectifs. Nous n’avions pas intégré le « courage » dans notre diagnostic disaient les opérationnels ! Mais comment intégrer ce « facteur humain » ? Et puis on estime généralement que seuls trente pour cent des projets de changement atteignent tous leurs objectifs du fait du « facteur humain ». Pourtant j’avais du mal à me résigner à ces standards du métier. D’autres projets arrivaient, je décidais de défier les statistiques. Je me suis alors formé au coaching avec des talents réputés (Lenhardt, Cardon), à la psychosociologie avec d’autres plus méconnus (Rouchy, Clément). J’y ai trouvé des clefs sur la dynamique des personnes et des groupes. J’y ai abandonné mon projet de cabinet structurant des salariés. J’y ai aussi décelé des lacunes dans la compréhension de la logique organisationnelle.
Sur un projet très complexe, mixant ma formation récente et mon expérience nous avons mis en place des groupes de diagnostic. Résultat assez incroyable, la réorganisation qui « résistait » depuis 8 ans se réalisa en quelques mois : tous les acteurs concernés avaient compris la situation, le système s’était débloqué. Nous cherchions à diagnostiquer en nous appuyant sur l’intelligence des groupes. Par « surcroît » nous guérissions !
Jean-Daniel Elbim, Directeur Général, cité lors du séminaire de l’Ecole de Paris du Management.
Puis vint la découverte. Un de mes anciens clients nous confia un projet très sensible — abondamment décrit dans le séminaire de l’Ecole de Paris du Management. Je rassemblais l’équipe de coachs indépendants avec qui nous avions pris l’habitude d’intervenir. Nous commencions la phase de diagnostic en arpentant la France à l’écoute de l’organisation. Je réalisais que derrière les résistances, les « points rouges », se cachaient d’excellentes raisons qui se révèleraient autant d’obstacles dans la mise en œuvre. Si nous voulions défier les statistiques du métier il fallait les intégrer dès le diagnostic. A partir de ces constats fait avec l’équipe je créais le baromètre, outil d’intégration du « facteur humain » dans les grilles d’analyse rigoureuses issues du conseil et je commençais la recherche des « bonnes raisons » de manière structurée.
Comme la découverte « des bonnes raisons » demande d’intervenir en équipe je dus affronter une nouvelle gageure : rassembler une équipe de talents inclassables capables de jongler entre deux mondes. Être coach est un métier de talent, qui demande de la liberté. Être consultant est un métier de méthode qui demande de l’uniformité. J’ai la conviction qu’avec La Boétie Partners, nous avons trouvé l’architecture idoine. Mais c’est le début d’une autre histoire.
Aujourd’hui, avec mes associés, j’ai l’honneur d’aider de grands collectifs de direction à percer le mystère des « bonnes raisons ». C’est moins facile que je ne l’imaginais : le diagnostic du médecin reste assez complexe à établir. Mais, avec leur aide, et au gré des tâtonnements, nous guérissons. Bien sûr nous ne faisons pas disparaître l’ensemble des maux qui peuvent atteindre les organisations. Mais nous les aidons à traverser des moments difficiles, à tirer parti des mutations, à changer profondément leur manière de travailler.
J’accomplis ma vocation.